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SUR DU GUESCLIN.

en sortir sans tomber dans les mains de ses ennemis, choisit le temps de la nuit pour en faire celuy de son évasion, se promettant de se dérober à leur vigilance, à la faveur des ténèbres. Il ne voulut point s’embarrasser de son équipage, de peur que cela ne le fît découvrir, mais seulement partir luy sixième, afin que, marchans tous ensemble à fort petit bruit, ils pussent plus facilement surprendre ceux qui les observoient, et se couler furtivement jusqu’au prés des murailles, où ils sçavoient qu’il y avoit une brêche dont l’ouverture leur devoit servir de porte pour gagner les champs. Il se mit donc à pied avec les autres, tenans tous leurs chevaux par la bride ; et descendans tout doucement de ce château situé sur un haut rocher, ils arriverent sans aucun danger jusqu’à ce mur qu’on avoit fait nouvellement bâtir tout exprés pour fermer touttes les issües qui pouroient faciliter la fuite de Pierre. Ils n’avoient pas mal débuté jusques là ; mais par malheur ils rencontrerent quelques gens du Besque de Vilaines qui, se promenans au pied du château, prêterent l’oreille à quelque bruit qu’ils entendirent, et furent aussitôt en donner avis au Besque, qui les renvoya sur leur pas, avec ordre d’observer ce qui se passoit. Il fit en même temps armer tout son monde, dans l’opinion qu’il avoit que les assiegez avoient envie de faire une sortie. Ces gens luy vinrent rapporter qu’ils avoient veu six hommes approcher d’un mur, où il y avoit un grand trou qui leur ouvroit le chemin de la campagne tout à découvert. Le Besque, s’imaginant que ce pouvoit être le roy Pierre, se rendit aussitôt sur le lieu fort clandestinement, et, suivant pas à pas un cavalier qu’il