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SUR DU GUESCLIN.


CHAPITRE XXIX.


De la derniere bataille que gagna Bertrand sur le roy Pierre, qui perdit dans cette journée plus de cinquante mille hommes, et qui fut ensuite assiegé dans le château de Montiel où il se retira.


Henry parfaitement instruit par ses espions et coureurs de tout ce qui se passoit dans l’armée de Pierre, disposa touttes choses au combat, allant de rang en rang exhorter ses gens à bien faire, et leur remontrant qu’il falloit employer les derniers efforts pour prendre Pierre mort ou vif, de peur que s’il leur échappoit, il ne leur suscitât encore de nouveaux ennemis ; qu’il falloit que cette journée fut la derniere et le couronnement de touttes les autres ; qu’ils avoient à combattre un prince apostat, qui s’étoit rendu l’horreur et l’execration de toute la terre par ses cruautez et ses impietez ; que le ciel ne beniroit jamais les armes de ce meurtrier, dont les troupes étoient composées d’Infidelles et de juifs, tous ennemis du nom chrétien, qui marchoient sans discipline, et vivoient entr’eux sans intelligence ; qu’ils auroient bon marché de touttes ces canailles qui n’ avoient rien de bon que les dépoüilles qu’ils en esperoient, et qu’il y avoit lieu de croire que cette journée les feroit tous riches ; que ceux enfin qui viendroient à perdre la vie dans cette bataille, ne pouvoient mourir plus glorieusement, ny plus saintement, puis que ce seroit pour