Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
SUR DU GUESCLIN.

dre, parce qu’elle étoit composée de gens qui, n’étant pas de même païs ny de même secte, ne s’accorderoient jamais bien ensemble, et seroient plus aisez à défaire. Ha ! ha ! dit Henry, comme tu es preud’homme ! Le Besque de Vilaines et tous les autres generaux se rangerent tous à l’avis de Bertrand, tombans tous d’accord qu’on n’en pouvoit pas ouvrir un plus judicieux. On se mit donc en devoir, non seulement de le suivre, mais de l’executer ponctuellement comme il avoit été projetté. L’on tira tout ce qu’on put de troupes des garnisons voisines. On fit marcher au siege tout ce qu’il y avoit de païsans capables de porter les armes, et l’on mit en campagne les trois quarts de l’armée, qui furent encore grossis par la jonction de tout ce qu’on put amasser de soldats des plus aguerris, qu’on avoit jette dans les villes et les citadelles pour les defendre.

Bertrand ayant fait tous ces préparatifs, se mit en marche pour venir à la rencontre du roy Pierre, dont ayant découvert de loin les bataillons et les escadrons, et même ayant entendu le bannissement des chevaux, il détacha vingt-cinq coureurs pour les observer de plus prés, et luy rapporter ce qu’ils auroient veu. Ces gens s’allerent poster à l’orée d’un bois qu’on appelloit le bois des Oliviers. Ils étudierent de là tout à loisir le nombre, l’ordonnance, la contenance de cette formidable armée devant laquelle ils ne croyoient pas que Bertrand put tenir ; ils se disoient les uns aux autres, qu’ils seroient infailliblement battus si leurs gens en venoient aux mains avec Pierre, dont les forces les accableroient par la multitude. Un de ces vingt-cinq plus brave que les autres et Breton de nation, dit