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OBSERVATIONS

Henri Transtamare aient pris de semblables précautions. Il paroît que Charles v vouloit que Du Guesclin, devenu libre, fût en quelque sorte obligé d’aller chercher dans le royaume de Castille une nouvelle fortune que la paix ne lui permettoit pas d’espérer en France. Les registres de la chambre des comptes constatent que le Roi lui donna trente mille livres ; et, moyennant cette somme, Du Guesclin s’engagea, par un acte qui a été conservé au trésor des chartres, à mettre hors du royaume certaines compagnies de gens de guerre le plus tôt que faire se pourra, sans qu’elles puissent rien demander ni exiger en France. On fera remarquer encore, que Louis de Bourbon, comte de la Marche, étoit nommé chef de l’expédition ; mais il devoit se conduire d’après les avis de Du Guesclin.

Plusieurs Historiens ont prétendu que les grandes compagnies n’étoient point parties d’abord pour aller secourir Henri Transtamare, mais pour aller combattre les Sarrasins en Espagne. Du Tillet, si connu par son exactitude rigoureuse, dit expressément : « Du Guesclin s’en va faire la guerre en Espagne « contre les Sarrasins, afin de purger le royaume d’un « grand nombre de méchantes gens vagabonds dont il « étoit plein. » En adoptant cette version, on s’explique l’intérêt que le Pape prend à la liberté de Du Guesclin, pour la rançon duquel il fournit une somme considérable. Mais alors comment Henri Transtamare, qui ne le connoissoit que de réputation, et qui, loin de pouvoir faire des sacrifices inutiles, étoit réduit à recevoir une pension du roi de France, se seroit-il décidé à acquitter une partie de cette rançon ? Dans les Mémoires de Le Febvre, on raconte que Du Guesclin