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SUR L’HISTOIRE DE DU GUESCLIN.

Hongrie, où Louis d’Anjou, surnommé le Grand, les appeloit pour combattre les Valaques, les Transylvains, les Croates et les Tartares. Les offres les plus brillantes n’avoient pu les séduire, parce qu’ils aimoient mieux s’enrichir en pillant nos riches provinces, où ils ne rencontroient pas d’obstacles, que de courir les risques d’une guerre lointaine. L’expédition de Castille présentoit moins de dangers et des avantages plus certains ; un roi qui leur devroit le trône ne pouvoit manquer de les récompenser généreusement. Mais la grande difficulté étoit de trouver un homme qui eût assez d’empire sur les chefs et sur les soldats, pour renouer une négociation d’autant plus délicate, que les premiers engagemens avoient été rompus. Du Guesclin seul pouvoit le faire avec succès. Les chefs des grandes compagnies avoient servi sous ses ordres, ou combattu contre lui ; tous, amis comme ennemis, avoient également confiance dans ses talens, dans sa fortune et dans sa loyauté. Il est donc permis d’ajouter foi aux anciennes chroniques, qui portent que Charles v jeta les yeux sur lui pour cette entreprise importante, lorsqu’il étoit encore prisonnier de Chandos. Plusieurs faits incontestables viennent à l’appui de cette opinion. Des négociations avoient nécessairement été ouvertes dès long-temps avec le Pape et avec Henri Transtamare, qui se réunirent à Charles v pour acquitter la rançon de Du Guesclin. Il convient de remarquer que le Roi fournit seulement, à titre d’avance, quarante mille livres sur les cent mille qui étoient exigées par Chandos, et qu’il se fit vendre à réméré le comté de Longueville, pour la sûreté de la créance. On ne voit pas que le Pape et