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ANCIENS MÉMOIRES

entre Charles de Blois et Montfort, et on lui fait dire qu’il va servir le Dauphin. Il y a évidemment erreur : car alors le roi Jean n’étant pas encore retourné en Angleterre, et gouvernant lui-même ses États, Du Guesclin se seroit rendu près de lui et non auprès du Dauphin, qui étoit sans autorité. D’ailleurs une quittance signée à Paris par Du Guesclin, le 24 décembre 1361, et conservée dans les registres de la chambre des comptes, constate qu’à cette époque, non-seulement il étoit à la solde du Roi, mais qu’il commandoit une compagnie de gendarmes et d’archers ; et enfin des lettres-patentes du mois de mai 1364, dont nous parlerons plus tard, font mention expresse des services qu’il rend déjà depuis long‑temps au Roi dans ses guerres. On peut donc croire qu’il accepta les offres de Jean-le-Bon, après le traité de Bretigny ; mais comme en prenant du service en France, il s’étoit réservé de combattre pour Charles de Blois toutes les fois que ce prince, qui étoit son souverain, l’appelleroit ; et comme il alla souvent faire la guerre en Bretagne, sans renoncer aux engagemens qu’il avoit pris, soit avec le Roi, soit avec le Dauphin, il n’est pas étonnant que les anciennes chroniques aient confondu les dates et les événemens.

La même incertitude existe sur l’époque de son mariage. Suivant une ancienne chronique, où Le Febvre a puisé une partie de son récit, il auroit épousé Tiphaine Raguenel en 1364, après le siège de Trougof ou Trogost ; il auroit alors voulu renoncer au métier des armes, et sa jeune épouse lui auroit fait abandonner cette résolution. Mais la bataille de Cocherel fut gagnée par Du Guesclin environ un mois après la prise