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ANCIENS MÉMOIRES

de fuir avec tant de précipitation qu’il abandonna son fils, âgé d’un an ; que le vainqueur fit élever et baptiser l’enfant, qui fut appelé Klayaquin, du nom de son père et du lieu de sa naissance, et que les Du Guesclin descendoient du fils de ce roi de Bugie. Mais on ne découvre dans les annales aucune trace du roi Aquin ni du château de Klay, et Charlemagne ne porta point la guerre en Bretagne ; il faut donc rejeter cette généalogie avec les autres fables dont on a voulu environner la naissance du héros breton. Nous ne nous arrêterons ni aux prophéties de l’enchanteur Merlin, rapportées avec tant de complaisance par du Chastelet, ni aux songes que l’on prête à sa mère pendant sa grossesse, ni aux prédictions d’une juive, devenue religieuse, qui, le voyant à l’âge de quatre ou cinq ans, annonça, dit-on, en termes précis, ce qu’il seroit un jour.

Soit que sa famille ne fût pas aussi ancienne et aussi distinguée qu’on l’a prétendu[1], soit qu’elle fût déchue de sa grandeur passée, il est certain que Robert Du Guesclin, son père, étoit loin de tenir le premier rang parmi les nombreux barons de la Bretagne. Il avoit épousé Jeanne de Malemains, dame de Sens, près Fougères, et il en avoit eu dix enfans, quatre fils et six filles.

L’aîné fut Bertrand, connétable de France ; Olivier, le deuxième, suivit la carrière des armes, et se montra digne de son frère. L’histoire garde le silence sur

  1. Dans un registre écrit sous le règne de Philippe-Auguste, et conservé à la chambre des comptes, on trouve une liste des familles les plus distinguées de la Bretagne ; celle de Du Guesclin n’y figure pas.