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SUR DU GUESCLIN.

pour recevoir les soumissions et les hommages de ce gouverneur : l’effort que cette ceremonie luy fit faire, luy fit rendre le dernier soupir. Sa mort fut également regrettée de ses amis et de ses ennemis. Il n’y eut là personne qui ne pleurât la perte d’un si grand capitaine, qui s’étoit signalé durant sa vie par tant de conquêtes, et qui l’avoit finie par le gain d’une place fort importante, comme si le ciel eût voulu que ce dernier succés eût été le couronnement de tous les autres.

On dit qu’avant que d’expirer, il demanda son épée de connétable, et pria le seigneur de Clisson de la prendre pour la remettre entre les mains du Roy, conjurant tous les seigneurs qui se trouverent là presens, de le bien servir, et de luy témoigner de sa part qu’il avoit trouvé le seigneur de Clisson fort capable de luy succeder. En effet, Charles le Sage luy laissa dans les mains l’épée de connétable, qu’il luy voulut rendre. Ce grand prince fut si touché de la mort de Bertrand, qui luy avoit pour ainsi dire remis la couronne sur la tête, que les Anglois avoient taché de luy arracher, qu’ayant appris que ses parens avoient dessein de transporter son corps en Bretagne pour y faire ses funérailles, il voulut luy donner un sepulchre plus glorieux, en commandant qu’il fut inhumé dans l’abbaye royale de Saint Denis, auprés du tombeau qu’il avoit déjà fait ouvrir et creuser pour luy même ; afin que la postérité sçut qu’un si fidelle sujet ne devoit être jamais séparé de son souverain, non pas même après son trépas, et qu’après avoir si bien soutenu durant sa vie la gloire des lys, il devoit être, après sa