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SUR DU GUESCLIN.

Cisay voyans les François décamper de devant leur ville, firent une sortie sur les troupes de Jean de Beaumont, mais qui les reçurent si bien, qu’ils les taillerent en pièces et les recoignerent bientôt dans leurs murailles. Bertrand ayant appris cette heureuse nouvelle avant l’ouverture du combat, prit l’occasion d’en faire part à ses gens, pour les encourager encore d’avantage.

Comme on étoit sur le point d’en venir aux mains, un Anglois se détacha de son gros, par ordre de Jean d’Evreux, pour dire aux François qu’il paroissoit bien qu’ils apprehendoient de se battre, puis qu’ils employoient tant de temps à se preparer ; que s’ils vouloient épargner leurs vies, il leur conseilloit de demander la paix aux Anglois, et que s’ils vouloient prendre ce party, il travailleroit volontiers à la leur procurer. Guesclin le renvoya plus fierement[1] que le premier, avec ordre d’assurer ses maîtres qu’il avoit entre ses mains Robert Miton, gouverneur de Cisay, dont la sortie luy avoit été fort funeste, puis qu’après avoir été battu par Jean de Beaumont avec tous ses

  1. « Nennil, dist Bertran, par ma foy, je nay envie de paix ne de concorde. Ceux du chastel sont desconfiz en present, et Robert Myton prisonnier. C’est signe que Dieu nous donrra victoire prouchaînement. Alez faire lever vos gens sur les piez. Car je ne daigneroie assembler à eulx, se ilz n’estoient en estant. Si dist le herault, vous parlez saigement. » Adonc retourna aux Engloiz et leur cria haultement : « Or sus seigneurs, assaillez François. Car ilz ont ja desconfiz ceulx du chastel, le capitaine prins, et ses gens occis. Et ainsi feront-ilz de vous, se vous ne vous deffendrz bien. » Lors se levèrent Engloiz en criant haultement : « Saint George obliez vous ainsi vos gens ? » (Ménard, p. 529 et 530.)