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ANCIENS MÉMOIRES

éprouvé le besoin qu’il auroit eu de luy, pour avoir essuyé beaucoup de rebellions de ses sujets, qu’il n’avoit pu surmonter que par les conseils et le bras du Besque de Vilaines, qu’il luy avoit laissé, dont il s’étoit tout à fait bien trouvé. Il le prioit aussi, dans cette dépêche, d’employer le credit qu’il avoit auprés du Roy son maître, pour que le Besque de Vilaines et son fils Pierre luy restassent, afin que par leur secours il pût calmer tous les troubles de son royaume qui n’étoient pas encore appaisez, promettant au roy de France qu’après qu’il auroit pris Carmone, Somone et Thoüars, il mettroit en mer une flote de vingt deux vaisseaux, fournis de tout leur amarage, pour combattre les Anglois, et travailler de concert avec luy pour les dénicher de la France, à condition que si la paix se faisoit ensuite entre ces deux nations, il luy envoyeroit des troupes pour le servir en Espagne, et qu’il payeroit fort grassement. Il arrive quelquefois dans la vie que de grandes joyes succedent à de grandes tristesses. Cet evéeement parut tout à fait dans la conjoncture presente, puisque Bertrand se voyant comblé de richesses dans le temps qu’il se croyoit dans la derniere disette, témoigna tout ouvertement la grande satisfaction que luy donnoit la reconnoissance et la liberalité du roy d’Espagne,

Il regala fort cet agreable messager, qui, déchargeant les mulets, étala dans sa salle de fort riches présens, entre lesquels il y avoit un petit vaisseau de fin or, des couronnes et des tasses de même métal, artistement façonnées, grand nombres de pierreries, et beaucoup d’or et d’argent monnoyé. La veüe de ces richesses n’excita point l’avarice de Bertrand, et ne le