Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
ANCIENS MÉMOIRES

y passa quinze jours pour s’y rafraîchir et s’y délasser, et y faire les obsèques du pauvre maréchal, dont il avoit fait transporter le corps en cette ville pour l’y inhumer. La perte d’un si grand homme fut fort regrettée. Tandis que Guesclin prenoit le soin de celebrer ces funerailles avec le plus de pompe et de piété qu’il pouvoit, il vint un courier luy donner avis que Robert Knole, general anglois, étoit au château de Derval, qu’il avoit donné les ordres necessaires pour faire repasser la mer à ses gens sous la conduite de Robert de Neuville, et que si l’on pouvoit les surprendre au passage, on pouroit s’en promettre de fort riches dépoüilles, parce qu’ils emportoient avec eux un considérable butin qu’ils avaient fait en pillant tout le plat-païs. Bertrand, ne voulant pas négliger cet avis important, prit la resolution de les attaquer, et fit même sonner la trompette, afin que chacun se tint prêt pour marcher. Olivier de Clisson le pria de vouloir bien souffrir qu’il luy en épargnât la peine, et qu’il se chargeât tout seul de cette entreprise. Il luy representa qu’il étoit nécessaire qu’il restât pour observer les démarches que Chandos pouroit faire avec un grand nombre de troupes angloises qui tenoient garnison dans Poitiers, et qui n’attendoient que ses ordres pour faire quelque mouvement au premier jour, et que tandis qu’en qualité de connétable il auroit l’œil aux occasions les plus importantes et d’un plus grand poids, il pouroit se reposer sur luy de cette petite expedition qui se presentoit, et dont il esperoit sortir avec succés, parce qu’il connoissoit le pais et les defilez par où les Anglois devoient necessairement passer. Bertrand luy voulant faire naître l’occasion d’aque-