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SUR DU GUESCLIN.

se jetterent comme des lions déchaînez dans la ville, au travers de cette brêche, et joignans ceux qui s’étoient emparez déjà du haut des rampars, ils ne trouverent plus aucune résistance. Il y eut quelques cinquante Anglois qui voulurent se sauver par une poterne dont ils avoient gardé la clef tout exprés ; mais ils tomberent dans les mains du maréchal d’Andreghem, qui les fît rentrer à grands coups d’épée, dont il en tua dix. Bertrand s’étant emparé des murailles où l’on avoit planté son étendard, se voyant à la tête de plus de cinq cens braves, fit faire main basse sur tous les Anglois qui se trouvèrent dans la ville, si bien que ceux qui se purent sauver dans la citadelle, s’estimerent beaucoup heureux. Les François, qui s’étoient rendus maîtres de la ville, coururent vite aux portes pour les ouvrir au reste de l’armée, qui fit son entrée dans Bressiere en marchant sur un monceau de morts qui demeuroient étendus dans les rues.

Guesclin vouloit qu’on attaquât la citadelle, mais les troupes étoient si fatiguées de l’expédition violente qu’elle venoient de faire, qu’elles n’étoient plus en état de rien entreprendre, et le maréchal d’Andreghem, tout moulu des coups qu’il avoit reçus, en mourut quelque temps après. Les vainqueurs partagerent entr’eux le butin qu’ils firent, et donnans toutte la nuit au repos dont ils avoient un fort grand besoin, se presenterent le lendemain devant la citadelle, qui, profitant de l’exemple de la ville qui venoit d’être prise d’assaut, aima mieux prendre le party de capituler que d’essuyer le même sort. Bertrand, après un si mémorable succés, reprit le chemin de Saumur, d’où il étoit parti pour cette expédition. Il