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ANCIENS MÉMOIRES

toit presque point de la marche de toutte une journée. Les deux armées s’étans rencontrées se choquerent touttes deux avec une égale vigueur. Il falloit voir l’acharnement que les deux frères avoient l’un sur l’autre. La haine et l’ambition dont ils étoient remplis tous deux, les animoit encore à combattre avec plus de chaleur. Pierre s’élança tête baissée, la lance à la main, tout au travers de ses ennemis, renversant à droite et à gauche tout ce qui se presentoit devant luy.

Ce cheval fougueux sur lequel il étoit monté, faisoit plus de la moitié de l’exécution. Le Besque de Vilaines arrêta touttes ses saillies, en se présentant devant luy la hache à la main. Sa contenance fut si fiere, que ce prince, n’osant pas se commettre avec luy, prit le party de reculer et de rentrer dans le gros de ses troupes, pour s’y mettre à couvert du bras de ce chevalier qui faisoit un fort grand fracas dans cette mêlée. Henry payoit aussi fort bien de sa personne. L’amiral de Belmarin qui tenoit pour Pierre, étoit aussi fort redouté ; tout le monde s’ouvroit devant luy pour luy faire place au milieu du combat, tant ses coups étoient formidables ; et les troupes d’Henry commençoient à plier, quand Bertrand, secondé de son frère Olivier, des deux Mauny, du brave Carenloüet, et de tous ses Bretons, rétablit le combat et vint fondre sur Pierre et sur ses Espagnols et ses Sarrazins, avec tant de furie, qu’il en éclaircit tous les rangs à grands coups de sabres et d’épées. Ce succés releva beaucoup le courage et les espérances d’Henry, qui s’attacha particulièrement à l’amiral, qu’il perça d’outre en outre de sa lance. Ce coup mortel le fit tomber à terre, et les sarrazins