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ANCIENS MÉMOIRES

plus grande quand il fallut regler à qui véritablement les prisonniers appartenoient, et la contestation ne finit qu’aux dépens de la vie de ces pauvres Anglois ; car pour vuider tout le different que les François victorieux avoient là dessus les uns contre les autres, Guesclin et Clisson trouverent que c’étoit un chemin bien plus court de les faire tous massacrer, afin de faire tout égal, si bien qu’il se fit aux portes de Bressière un carnage de plus de cinq cens Anglois, qui demeurans couchez par terre et tout ensanglantez des coups qu’ils avoient reçus devoient beaucoup épouventer les habitans de cette ville, qui pouvoient voir de leur donjon toutte cette boucherie. Bertrand, voulant profiter de leur consternation, s’approcha du pont levis, et voyans quelques soldats qui faisoient le guet, il leur commanda d’aller avertir leur gouverneur, parce qu’il désiroit s’aboucher avec luy pour traiter de paix à l’amiable ensemble. Ce commandant s’étant présenté pour luy parler, débuta par luy dire des injures, donnant mille maledictions au jour qui l’avoit mis au monde pour être le fleau des Anglois ; il luv reprocha que depuis quatre mois il avoit fait contr’eux plus d’hostilitez que tous les autres ennemis de leur nation n’en avoient fait dans un siecle entier, et que, n’étant pas content d’avoir trempé ses mains dans le sang de leurs freres, qu’il venoit d’assommer, il pretendoit peut-être encore qu’il luy rendit la ville de Bressière sur une simple sommation.

Bertrand luy promit que s’il vouloit deferer à son commandement, il luy donneroit la vie sauve et la liberté d’empporter son or, son argent et tout son ba-