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SUR DU GUESCLIN.

Yves s’il attendoit qu’il mît trefs ne tentes devant son fort, il le feroit pendre aux fourches. Le gouverneur tout tremblant de peur à ce serment, et le connoissant homme à luy tenir parole à ses dépens, le pria de trouver bon qu’il remontât à cheval pour s’en retourner à Saint Maur, et representer tout ce qu’il venoit de luy dire aux bourgeois et à la garnison de sa place. Bertrand le voyant disposé à se rendre, donna d’autant plus volontiers les mains à sa priere. Cressonval ne fut pas plûtôt arrivé, qu’il fit assembler dans l’hôtel de ville les plus notables bourgeois et les principaux officiers de la garnison, pour leur donner avis du serment qu’avoit fait Guesclin de les faire tous pendre, s’ils tomboient dans ses mains après la prise de la place.

Ce discours les alarma si fort qu’ils vouloient déjà prendre le party de s’enfuir sans attendre que Bertrand commençât le siege ; mais Cressonval essaya de les rassurer en leur disant qu’il avoit stipulé par avance qu’ils auroient tous leurs biens et leurs vies sauves, en se rendans dans un certain jour, et qu’il valloit mieux en passer par là que de s’exposer à une mort certaine, qu’ils ne pouroient jamais éviter, si la place étoit une fois prise ou par siege, ou par famine, ou par assaut. La crainte de la mort les faisoit presque tous donner dans ce sentiment, quand un chevalier anglois, fort brave de sa personne, prit la parole pour représenter à la compagnie qu’une reddition si précipitée ne les garantiroit jamais du soupçon que le prince de Galles pouroit avoir de leur perfidie, s’ils Venoient à faire une démarche si honteuse sur de simples menaces qu’un general leur auroit fait