prononcé par le Roi lui-même, qui siégeoit au parlement
avec les pairs et les grands du royaume. Ce
procès, dont tous les détails nous sont conservés, fait
connoître les formes dans lesquelles étoient jugés les
pairs de France, en matière criminelle. Philippe,
dont la justice devoit être satisfaite, écouta trop son
ressentiment ; il poursuivit avec acharnement le comte
dans tous les pays où il se retira, et le réduisit à
ne trouver un asile qu’en Angleterre. Nul doute que
Robert d’Artois ne fut animé d’un vif désir de vengeance
contre Philippe ; mais un historien français a
remarqué avec raison qu’Édouard étoit trop habile
pour se laisser conduire, dans une circonstance aussi
importante, par les conseils violens d’un prince que
le désespoir et la rage aveugloient.
Édouard, croyant avoir terminé ses préparatifs, publia un manifeste pour exposer les griefs qu’il prétendoit avoir contre Philippe, et sans déclaration de guerre ordonna de saisir tous les biens appartenant aux Français. Il excepta à dessein les sujets du duc de Bretagne, dans l’espoir que ce ménagement exciteroit des défiances sur sa fidélité. Philippe, à ces nouvelles, donna ordre d’occuper la Guyenne, et les vaisseaux qu’il avoit réunis pour entreprendre une croisade firent de grands ravages sur les côtes d’Angleterre. Cependant le Pape intervint, et il y eut suspension d’armes jusqu’au mois de mars suivant. On étoit alors au mois de décembre 1336. L’intervention du pape Benoît XII avoit tiré Édouard d’un grand embarras. Le comte de Hainaut, son beau-père, étoit mort, et le nouveau comte refusoit d’entrer dans la ligue contre la France. Cette ligue étoit