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précis des guerres


reconnoîtroit jamais en France que Dieu et le Roi pour supérieurs dans le temporel ; et le Roi fut prié de protéger le royaume contre les entreprises des puissances étrangères. Non contens de cette première résolution, les trois ordres écrivirent séparément à Rome. Cette unanimité de sentimens, à laquelle Boniface ne s’attendoit pas, lui donna des craintes sur les résultats de la démarche où il s’étoit engagé ; il tint un consistoire, nia l’existence de la bulle qui avoit le plus irrité le Roi, déclara qu’il ne vouloit rien usurper sur sa juridiction, et finit par menacer Philippe de lui ôter sa couronne. Cependant le Pape avoit convoqué un concile à Rome, et malgré les défenses expresses du Roi, plusieurs évêques français s’y étoient rendus ; le Pontife y renouvela ses menaces sans les effectuer, et fit rendre la fameuse décrétale si connue sous le nom de Unam sanctam (parce qu’elle commence par ces deux mots), où l’on consacre en principe que la puissance temporelle est soumise à la puissance spirituelle, qui l’institue, qui la juge et qui a seule le privilège de n’être jugée que de Dieu. Boniface ne tarde pas à agir conformément à ces maximes : il publie une bulle par laquelle il déclare les rois et les empereurs soumis, comme les autres hommes, aux citations du saint Siége, obligés d’y comparoître, quand même l’ajournement ne leur auroit pas été notifié à personne ou à domicile. « Car telle est notre volonté, ajoute le Pape ; nous qui, par la permission du Seigneur, commandons à tout l’univers. » Philippe convoque les barons et les prélats de son royaume ; cette fois, les députés des villes ne furent point appelés : Guillaume de Nogent y présente une requête contre le