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précis des guerres


aux prétentions des papes. Son petit-fils, Philippe-le-Bel, au lieu de suivre un tel exemple, se laissa emporter par la violence de son caractère ; et la vengeance qu’il tira de Boniface fut poussée si loin, qu’il fit plaindre les malheurs du Pontife, dont on n’auroit eu qu’à condamner les excès.

Une partie de son règne fut troublée par ses différends avec la cour de Rome. En 1296, il avoit ordonné la levée du cinquantième sur tous les biens sans distinction, pour subvenir aux frais de la guerre contre l’Angleterre ; aussitôt le Pape prétendant qu’on viole les droits de l’Église, défend, sous peine d’excommunication, toute levée d’impôt sur le clergé. Philippe défend alors, sous peine de confiscation, tout transport d’argent hors du royaume, dont il interdit l’entrée aux étrangers. Frappé de cet acte de rigueur, Boniface se disposoit à modifier sa bulle, lorsqu’il apprend qu’on a fait arrêter Bernard de Saisset, évêque de Pamiers, envoyé comme légat en France, et soupçonné de machinations contre l’État ; il ne voit plus dans le Roi qu’un ennemi acharné, fulmine bulles sur bulles contre lui, révoque les privilèges anciennement accordés au royaume ; écrit au monarque : « Nous voulons que vous sachiez que vous nous êtes soumis dans le temporel comme dans le spirituel, m et finit par convoquer le clergé de France à Rome, afin de réformer l’État et de corriger les excès du Roi. Philippe, au lieu d’agir avec la modération qui convenoit à la bonté de sa cause, écrit au Pape les lettres les plus injurieuses, chasse le nouveau légat que Boniface lui envoie, et, non content de faire brûler les bulles, il fait publier cette flétrissure à son de trompe