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précis des guerres


le roi de France avoit abusé de ses forces pour le dépouiller de quelques villes de son comté, et depuis long-temps il cherchoit l’occasion d’en tirer vengeance. La maison de Champagne, toujours factieuse, toujours turbulente, étoit prête à se réunir aux ennemis du souverain, quels qu’ils fussent ; elle les considéroit comme ses alliés naturels. Les émissaires du roi Jean n’eurent pas de peine à décider ces différens princes à se liguer contre la France, qu’il s’engageoit à attaquer par le Poitou, tandis que les alliés entreroient dans le royaume par la Flandre. Les forces dont ils disposoient étoient si considérables et tellement supérieures à celles que Philippe pouvoit mettre sur pied, que, se considérant déjà comme vainqueurs, ils avoient arrêté d’avance le partage des provinces qu’ils alloient conquérir. La France devoit cesser d’exister ; le comte de Flandre auroit eu Paris et les domaines qui en dépendoient ; le roi d’Angleterre, les provinces au-delà de la Loire ; l’Empereur, la Champagne et la Bourgogne ; et le comte de Boulogne, le Vermandois. Le roi Jean descend à La Rochelle, et l’on est étonné de voir à sa suite le comte de la Marche, dont il avoit enlevé la femme. Philippe envoie contre lui son fils Louis, depuis Louis VIII ; le jeune prince défait l’armée anglaise, dont le pusillanime général va s’enfermer dans le château de Parthenay. Cette victoire préluda à celle que son père alloit remporter. L’Empereur s’avançoit à la tête de deux cent mille hommes. Philippe, qui n’en avoit guère que cinquante mille, l’attaque dans les plaines de Bouvines, lui tue plus de trente mille hommes, fait une foule innombrable de prisonniers ; l’Empereur ne se sauve que par une