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ANCIENS MÉMOIRES

n’etoit pas petite, et qu’il esperoit trouver en Espagne, auprés d’Henry, dequoy leur rembourser l’argent dont ils l’auroient accommodé, puisque rien ne luy tenoit plus au cœur que le rétablissement de ce prince, qui l’attendoit au camp de Tolede, devant laquelle il avoit mis le siege avec le Besque de Vilaines, et qu’aprés qu’il seroit tout à fait sorty d’affaire avec le prince de Galles, il ne perdroit pas un moment de temps pour retourner en Espagne, et seconder Henry dans la guerre qu’il avoit entreprise. Le duc d’Anjou goûta fort la conduite qu’il vouloit tenir ; mais il l’assûra qu’il ne se devoit pas si fort mettre en peine de sa rançon, dont il luy alloit faire compter vingt mille livres ; qu’il ménageroit si bien les choses en sa faveur auprés du Pape, qu’il en obtiendroit encore autant pour luy de Sa Sainteté ; qu’enfin le roy de France, son frère, seroit assez genereux pour faire le reste, et que si toutes ces sommes payées il avoit encore besoin de quelqu’autre secours, il n’avoit qu’à s’adresser à luy, puisque sa bourse seroit toujours ouverte pour le garantir de tous les besoins dans lesquels il pouroit tomber.

Bertrand n’eut point de paroles assez fortes pour marquer au Duc sa reconnoissance. Il eut donc l’esprit en repos de ce côté-là ; tous ses soins étoient tournez du côté de l’Espagne. Il engagea ses cousins germains, Olivier de Mauny et ses freres, à se tenir prêts pour s’y rendre quand il seroit temps de les y appeller, et prenant congé du Duc, il emporta les vingt mille livres dont ce prince le gracieusa. Mais avant qu’il fût arrivé à Bordeaux, il avoit déjà dépensé toutte cette somme, car il était si libéral et si