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SUR DU GUESCLIN.

rence, il offrit de le servir et de le suivre où bon luy sembleroit. Henry luy raconta toute la funeste avanture que le prince de Galles luy avoit attirée, dont s’étoit ensuivie dans tous ses États une étrange révolution ; qu’il alloit trouver le duc d’Anjou pour tâcher de ménager auprés de ce prince quelque ressource à son malheur, et que s’il l’y vouloit accompagner, ils feroient le voyage ensemble avec moins de chagrin tous deux. Le chevalier se fit honneur d’escorter ce prince jusqu’à Villeneuve, prés d’Avignon. Ce fut là que le roy Henry se présenta devant ce Duc, qu’il trouva dans sa chapelle, comme il alloit entendre la messe. Après qu’elle eut été célébrée, le Duc prit ce Roy par la main, le mena dans ses appartemens, et le faisant asseoir sur un lit de repos, ils s’entretinrent à fonds de toutes choses.

Quand Henry luy eut fait la triste peinture de sa condition, dont le prince de Galles étoit le seul auteur, le Duc luy témoigna qu’il n’étoit pas surpris des hostilitez qu’il luy avoit faites, et que la maison de France en avoit ressenty toute la premiere de vives atteintes ; que ce n’étoit pas d’aujourd’huy que la couronne d’Angleterre étoit jalouse de celles de toute l’Europe ; que le prince de Galles avoit hérité d’Edouard III, son père, la haine qu’il portoit aux lys ; mais qu’il esperoit que le ciel, qui de tout temps en avoit été le conservateur, les feroit triompher des léopards de la Grande Bretagne, et leur donneroit lieu de le retablir sur son trône et de rompre les fers de Bertrand, du Besque de Vilaines et du maréchal d’Andreghem. Henry répondit à ces honnêtetez avec toute la reconnoissance dont il fut capable. Le duc