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SUR DU GUESCLIN.

du roy de Portugal. Il se mit en chemin luy dixième pour ce sujet. Il arriva dans cette ville un peu devant dîner. Il n’eut pas plûtôt mis pied à terre dans l’hôtelerie, qu’il eût la curiosité de demander à son hôte si le roy de Portugal étoit à Lisbonne, et ce que l’on disoit du roy Pierre. Cet homme répondit que Sa Majesté s’alloit bientôt mettre à table avec une très-belle dame qu’il venoit de marier avec un prince de son sang, et qu’il y auroit le lendemain un superbe tournoy, dont il pouroit être le spectateur et prendre part à cet agreable divertissement ; qu’à l’égard du roy Pierre, il étoit à Bordeaux auprés du prince de Galles, pour luy demander du secours contre Henry, Bertrand et tous les autres chevaliers françois, et que s’il l’obtenoit, il luy seroit fort aisé de faire lâcher prise à ceux qui l’avoient dépoüillé de ses États.

Mathieu de Gournay fut surpris de cette nouvelle, et tandis qu’il se mettoit sur son propre pour se presenter devant le roy de Portugal, il ne put s’empêcher de dire qu’étant Anglois de nation, il ne pouroit plus servir Henry contre Pierre, si le prince de Galles, son maître, se declaroit pour ce dernier. Il se rendit ensuite au palais dans un équipage fort leste. Il rencontra sur les degrez de l’escalier un autre Anglois qu’il connoissoit de longue main, pour s’être trouvez ensemble à la bataille de Poitiers. Après s’être embrassez l’un l’autre, le dernier se chargea d’aller dire au Boy la venuë de Mathieu, luy promettant qu’il auroit de Sa Majesté tout le plus favorable accüeil qu’il pouroit desirer. En effet, il en fit à son maître un portrait fort avantageux, luy disant que ce chevalier qui venoit de la part d’Henry étoit un gen-