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SUR DU GUESCLIN.

luy demandoient, il n’osoit pas s’en rendre garant. Bertrand qui ne le vouloit point amuser[1], luy declara nettement qu’il en falloit passer par là s’il vouloit contenir la licence de tous ces vagabonds, dont les mains étoient accoutumées au brigandage, et qui se soucioient moins de l’absolution qu’il leur promettoit, que des deniers qu’il luy demandoient, étant tous prêts, en cas de refus, de faire sur les États du Pape des depredations horribles. Son Éminence apprehendant le dégât dont on le menaçoit, pria Bertrand et les autres de tenir le tout en suspens jusqu’à ce qu’elle leur donnât de ses promptes nouvelles. On l’assûra qu’on feroit de son mieux pour arréter le cours des desordres ; mais qu’on ne luy promettoit pas de tout empêcher, parce qu’il n’étoit pas possible de faire vivre avec une discipline exacte tant de soldats affamez, qui soûpiroient après un prompt secours. Ce cardinal se le tint pour dit, et partit sur l’heure pour venir incessamment rendre compte au Pape de tout ce qui se passoit. Ceux d’Avignon, dans l’impatience d’apprendre quel seroit leur sort, l’arréterent sur son chemin pour lui demander en quelle assiette étoient les affaires et s’il avoit des bonnes nouvelles à leur apporter. Je crois, leur dit il, que tout ira bien si

  1. Et Bertran lui dist. : « Sire, il convient avoir en présent tout ce que le mareschal demande. Car ycy en y a moult qui d’absolucion ne parlent point, et trop mieulx aimeront avoir de l’argent. Car nous les faisons preudommes malgré eulx, et les mettrons en exil, afin qu’ilz ne fassent mal à nulles gens chrestiennes. El quant ilz, auront de l’argent largement, si se tendront-ilz à enviz de mal faire. Et pour ce, dites au saint Père, que nous ne les povons autrement emmener. » (Ménard, p. 176.)