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ANCIENS MÉMOIRES

et les bataillons étant tous de fer, les dards, ny les flèches n’avoient pas beaucoup de prise sur eux.

Tandis qu’on s’éprouvoit ainsi de part et d’autre, Hugues de Caurelay vint dire tout bas à Chandos, qu’il le prioit d’agréer qu’il fît un détachement de cinq cens lances à la tête desquelles il se deroberoit secrettement du camp, pour s’assurer d’un poste, d’où il il pourroit venir fondre sur les ennemis, en les attaquant par derriere. Chandos ne loüa pas seulement son dessein : mais il luy donna l’ordre de l’executer sur l’heure. Caurelay se coula furtivement dans un vallon suivy de tout son monde, sans qu’il fût apperçu des gens de Charles : parce qu’il y avoit beaucoup de genêts et de broussailles sur ce terrain qu’il vint occuper, et ses troupes se cacherent derriere fort adroitement. Ceux du château d’Aüray qui d’en haut voyoient à plein toute la campagne, découvrirent ce piege ; mais ils étoient trop éloignez des gens de Charles, pour se faire entendre au milieu du bruit d’un combat, et quelque signe qu’ils fissent, on ne pouvoit comprendre ce qu’ils vouloient dire.

On se battoit de part et d’autre avec beaucoup de fureur. Olivier de clisson, dont le courage et la valeur étoient singuliers, donnoit un grand branle au party du comte de Monfort, s’avançant avec une intrépidité surprenante au milieu des rangs des François la hache à la main, dont il faisoit une terrible execution sur ceux qu’il frappoit. Bertrand qui combattoit pour Charles vit de loin l’un de ses amis tomber sous le bras de Clisson, ce qui luy donna tant de rage et tant de furie, qu’il s’élança comme un lion déchaîne tout au travers dos Anglois, suivy de Guil-