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SUR DU GUESCLIN.

mena le soir même à Vernon, d’où il les fit passer le lendemain jusqu’à Roüen, d’où Bertrand écrivit au Roy tout le succés de cette bataille, et le nombre et la qualité des prisonniers qu’il avoit dans ses mains pour sçavoir de Sa Majesté ce qu’elle vouloit qu’on en fît. Ce fut avec bien de la joye que Charles reçut une si agreable nouvelle à Rheims, où ce Prince s’étoit rendu pour la ceremonie de son sacre.

La conjoncture étoit la plus favorable du monde parce que cette victoire donnoit un grand poids aux affaires de Sa Majesté contre les Anglois, dont le party s’affoiblit à veüe d’œil depuis cette journée. Le Roy donna l’ordre qu’on resserât fort étroitement les prisonniers dans le château de Roüen, et fit decapiter Pierre de Squanville, parce qu’étant né son sujet, il avoit, été pris les armes à la main contre son souverain. Ce Prince revint en suite dans sa capitale, où les Parisiens le reçurent avec de grandes démonstrations de joye pour la victoire de Cocherel ; et pour recompenser Bertrand qui l’avoit remportée, il luy fit don de la comté de Longueville, et gratifia tous les autres officiers à proportion des services qu’ils luy avoient rendus dans cette glorieuse journée.

    obligés de sortir du royaume. Charles V leur pardonna par la suite. (Mémoires de Secousse, t. I, 2e part. p. 48.)

    Ce Graville, seigneur normand et rebelle à son Roi, auroit eu la tête tranchée comme Pierre de Saquainville. Du Chaslelet, dans son Hist. de Du Guesclin, rapporte autrement sa délivrance. Suivant lui, le fils de Graville, qui tenoit prisonnier Brémor de Laval, manda qu’il useroit de représailles. Pour ne pas compromettre la vie de Brémor de Laval, fidèle serviteur du Roi, on rendit la liberté à Guillaume de Graville. (Ibid, p. 70.)