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SUR DU GUESCLIN.

dont le retardement pouvoit beaucoup nuire aux affaires de la Couronne.

Toutes les troupes firent donc un mouvement de ce côté là, dans la résolution d’emporter la place ou d’y laisser la vie. Ceux de Meulan furent bientôt avertis du dessein qu’on avoit sur eux par un cavalier, qui fut à toute jambe leur donner cette triste nouvelle, dont ils furent fort alarmez ; ce qui les obligea de veiller à leur défense et de se tenir sur leurs gardes plus que jamais. Ils étoient déjà fort consternez de la prise de Mante et de Rouleboise ; mais ils ne tomberent pas tout à fait dans le desespoir de disputer à leurs ennemis le terrain pied à pied. Chacun fut commandé de travailler aux fortifications de la ville, sans en excepter les femmes et les enfans. Il y avoit au dessus une citadelle assez forte et bien pourvûë de vivres et de munitions ; le gouverneur se vantoit de tenir longtemps, parce qu’il avoit des farines, des vins et des chairs salées pour plus de quinze mois. Bertrand fit charger une partie des troupes sur des bateaux, tandis que les archers et les gendarmes côtoyoient la rivière. Quand tout fut arrivé devant Meulan, Bertrand et le comte d’Auxerre caracollerent tout autour pour étudier l’assiette de la place et la reconoître ; ils observeront la situation de la tour, qui commandoit beaucoup à la ville, étant bâtie sur une haute eminence, et remarquerent que le pont avoit été nouvellement fortifié par les Anglois et les Navarrois, qui paroissoit à Bertrand fort difficile à prendre.

Il pria le comte d’Auxerre de lui dire ce qu’il en pensoit, mais le Comte luy fit connoître que la prise de la citadelle et de la ville étoit bien d’une autre