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entre la france et l’angleterre.


paroît même qu’il eut quelques soupçons sur la fidélité de Du Guesclin, auquel il ne donna qu’un foible commandement, lorsqu’il fit avancer ses troupes contre la Bretagne. La première campagne fut insignifiante ; on fit peu de progrès ; partout on rencontroit une vigoureuse résistance. Au commencement de 1380, le connétable, qui ne faisoit qu’à regret la guerre contre ses anciens compatriotes, fut envoyé en Guyenne pour y soumettre quelques places que les Anglais occupoient encore. Une maladie enleva à la France son libérateur devant les murs de Châteauneuf-de-Randon ; et, suivant la plupart des historiens, le commandant anglais ne voulant reconnoître d’autre vainqueur que le héros même, après sa mort, vint déposer les clefs de la place sur son cercueil[1]. Charles, qui savoit hono-

  1. La capitulation de Châteauneuf-de-Randou, et la mort de Du Guesclin, sont racontées différemment dans une chronique qui finit en 1383, et qui est citée par dom Vaissette (Histoire du Languedoc, tome 4, p. 372) « Quant gens-d’armes furent rentrés de l’assault, dit cette chronique, Berteran fut moult malades, et se fist couchier et aquemunier (communier), et gens d’armes moult couchiés (affectés) pour le doulx regrés qu’il faisoit en son lit, et ni avoit si grant qui ne fesit plourer, et là appella le marissal de Sansoire, et li pria qu’il alist parler au capitaine, affin qu’il vaulsist rendre le chastel, et li desist moult bien que messire Berteran avoit juré le siège (et lui dit bien que Du Guesclin avoit juré de ne pas lever le siège sans être maître du château), et qu’il ne parlast en rien qu’il fust malade. Le marissal alla parler à eulx, et tant fist le marissal, que Englés dirent que Berteran veist parler à eulx et qui se renderoient. Non fera, dist le marissal : mais apportés les clés en son tref (dans sa tente), et il les rechevra. Il furent d’acord, et aportèrent les clés à Berteran, et se rendirent. Après che, Berteran bailla à Olivier de Clichon l’espée (de connétable) à garder, et les gens-d’armes que le Roi lui avoit baillié, et les commanda à Dieu et trespassa. Hellas ! que grant domaige, et que la couronne de Franche y perdi ! »