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précis des guerres

Charles V ayant chassé les Anglais de ses provinces, pouvant disposer d’armées aguerries et victorieuses, crut que les circonstances étoient favorables pour enlever la Bretagne à Montfort, qui avoit montré tant de haine contre la France, et qui venoit récemment encore de livrer à l’Angleterre la seule ville qu’il possédât dans le duché. Ce prince avoit été chassé de ses États par ses propres sujets ; les seigneurs bretons avoient eux-mêmes réclamé contre lui les secours du Roi ; ils s’étoient réunis aux troupes françaises, les avoient aidées à occuper toutes les places fortes. Charles croyoit pouvoir compter autant sur leur dévouement pour lui, que sur leur animosité contre le Duc, dont ils devoient redouter la vengeance. Tout sembloit donc assurer le succès de l’entreprise. Montfort s’étoit réuni aux ennemis de l’État ; il avoit pénétré avec eux dans le royaume, il étoit réfugié en Angleterre ; il y avoit eu moins de griefs contre le prince de Galles, lorsque la cour des pairs avoit prononcé la confiscation de la Guyenne. Mais le Roi avoit mal jugé les dispositions des seigneurs bretons ; aussitôt qu’ils s’aperçurent, comme dit Mézeray, qu’on en vouloit au duché et non pas au duc, et que Charles se préparoit à réunir la Bretagne à la Couronne, ils résolurent de défendre leur indépendance. Ce fut en vain que le Roi essaya de les ramener ; tous ses efforts furent inutiles. Au moment où la confiscation fut prononcée, ils prirent les armes et rappelèrent leur Duc, qui ne put d’abord croire à un changement aussi subit qu’imprévu. Charles, irrité de leur conduite, chassa de ses armées tous les Bretons qui, jusqu’alors, lui avoient rendu de si grands services. Il