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précis des guerres


scrupuleuse exactitude. En vain les habitans des provinces cédées à l’Angleterre vinrent le supplier de ne pas les priver de leur patrie ; esclave de sa parole, il gémit de perdre des sujets aussi fidèles, mais il les engagea lui-même à se soumettre à leur nouveau souverain, et fit livrer aux Anglais toutes les places comprises dans le traité. Il s’en falloit beaucoup qu’Édouard agît avec la même bonne foi. Lorsque le Roi envoya les renonciations convenues, il différa, sous divers prétextes, de remettre les siennes. Maître de plusieurs provinces françaises, ne croyant avoir rien à redouter d’un ennemi vaincu, il lui importoit fort peu que Jean renonçât au droit de suzeraineté sur ces provinces, et il ne vouloit pas se désister de ses prétentions à la couronne de France, espérant de pouvoir les faire valoir un jour. Ceux de ses capitaines qui tenoient les places que la France devoit recouvrer, refusèrent de les rendre ; et ses soldats, qu’il s’étoit obligé à retirer du royaume, se formèrent en troupes indépendantes. Ces nouvelles bandes, qui prirent le nom de tard-venus, parce qu’elles avoient commencé plus tard leurs brigandages, se réunirent aux anciennes, et devinrent des corps redoutables, qu’on appela les grandes compagnies. Composées de brigands de toutes les nations, qui étoient habitués à la guerre (guerratores de variis nationibus, suivant l’expression du continuateur de Nangis), commandées par d’habiles capitaines, elles inondèrent les campagnes, qui croyoient pouvoir respirer enfin à l’abri de la paix, et surpassèrent les excès de la Jacquerie. Une armée française qu’on envoya contre eux, ayant été défaite à Briguais, cet avantage augmenta leur nombre et leur audace. Il