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précis des guerres


du prince qui est forcé de recevoir Charles-le-Mauvais, de lui accorder toutes ses demandes, et de faire mettre en liberté tous les prisonniers, même les voleurs et les assassins. Aidés de ce renfort. Le Coq et Marcel immolent tous ceux qui leur portent ombrage ; ils font massacrer, en présence même du Dauphin, les maréchaux de Champagne et de Normandie, dont le sang rejaillit jusque sur ses vêtemens, couvrent la tête de ce malheureux prince, du chaperon rouge et pers (couleur bleue tirant sur le vert) qui étoit leur signe de ralliement, et exigent qu’il approuve leur conduite par une déclaration solennelle. Pendant que ces scènes d’horreur se passoient à Paris, les provinces étoient livrées à tous les genres de dévastation. Les soldats anglais et français, qui avoient été licenciés depuis la trêve, s’étoient réunis par bandes, avoient choisi des chefs, pilloient les campagnes et même les villes peu fortifiées. Les paysans, réduits au désespoir, tournèrent leur rage contre les seigneurs, dont ils réclamoient en vain les secours depuis leur affranchissement, et dont ils éprouvoient toutes les vexations que les puissans se croient permises avec les foibles. Ce qui paroît extraordinaire c’est que ce soulèvement, auquel on donna le nom de Jacquerie, eut lieu presque partout en même temps, qu’il eut partout le même but, sans qu’on ait jamais pu découvrir aucun dessein prémédité, ni aucun concert entre les différentes troupes de paysans qui abandonnèrent leurs villages dévastés pour piller les châteaux. Ils avoient juré d’exterminer tous les nobles, sans distinction d’âge ni de sexe ; et, non contens de les massacrer, ils exerçoient sur eux des actes de