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NOTICE

particularités dans son histoire de France ; il a même employé quelques-unes des propres expressions de la chronique. Mais le fait en lui-même, tel qu’il est rapporté, n’instruit pas suffisamment le lecteur, qui veut savoir ce qu’étoit le comte d’Eu, quels pouvoient être ses grans et mauvaises traysons, et quels motifs assez graves ont pu déterminer le Roi à sacrifier ainsi le premier personnage du royaume, en violant toutes les formes de justice, que l’on respecte à l’égard des moindres sujets. Le récit de la bataille de Poitiers n’est pas plus satisfaisant. On n’y dit pas l’extrémité à laquelle étoit réduite l’armée anglaise ; on glisse légèrement sur les efforts du légat pour empêcher l’effusion du sang ; on passe sous silence les conditions auxquelles se soumettoit le prince de Galles. Après avoir indiqué en deux lignes la disposition des armées pour le combat, on ajoute pour tout détail : « Plusieurs des batailles du roy Jehan, tant chevaliers comme escuyers s’enfuyrent honteusement et villainement, et dient (disent) aucuns que pour ce fut l’ost (l’armée) du roy de France desconfiz, les autres dient que la cause de la desconfiture se fut pour ce que len ne pouvoit entrer es diz Angloys, car ils estoient mis en forte place, et leurs archiers trayoient (tiroient) si dru et si fort, que les gens du roy de France ne povoient yllec (là) demourer. Finablement la place demoura au dit prince de Galles, et à ses gens, jasoit ce que (bien que) le roy de France eust autant de gens comme ledit prince de Galles avoit. » Ensuite sans parler des prodiges de valeur du roi Jean, qui, comme l’observe un de nos historiens, se montra dans cette journée plutôt brave soldat que bon capitaine,