taille de Crécy que l’on se servit pour la première
fois d’artillerie ; ils prétendent que huit pièces de
canons, employées à propos par Édouard, portèrent
la terreur et le désordre dans nos rangs. Les canons
étoient inventés depuis peu, mais on les connoissoit
en France, car un ancien registre de la chambre
des comptes prouve qu’on en avoit fait usage dès
l’année 1338, c’est-à-dire huit ans auparavant, au
siège d’une forteresse. On se demande alors pourquoi
l’armée anglaise avoit de l’artillerie, tandis que l’armée
française n’en avoit pas. Peut-être pensera-t-on avec
Hume que Philippe, trop pressé de suivre son ennemi,
avoit laissé ses canons, qui auroient gêné sa marche ;
peut-être Édouard eut-il le premier l’idée d’employer,
dans une bataille, l’artillerie, dont on n’avoit encore
usé que pour quelques sièges. Le silence des contemporains
ne permet de faire que des conjectures.
Nous remarquerons seulement que si l’artillerie d’Edouard
a, comme on le prétend, produit un si grand
effet à la bataille de Crécy, il est étonnant qu’on ne
s’en soit pas servi dans les batailles qui furent livrées
peu de temps après ; les historiens n’en font point
mention. Cette invention, qui devoit changer absolument
la manière de combattre, fut négligée pendant
plusieurs règnes.
Philippe ayant perdu par sa faute cette bataille décisive, et n’ayant plus d’armée, arriva presque sans suite vers le milieu de la nuit au château de Broyé. Le châtelain lui demande qui il est : « Ouvrez, dit le « Roi, c’est la fortune de la France. » En effet, il ne perdit pas un instant pour essayer de rallier ses troupes éparses, décidé à venger son affront en livrant une