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par le Roy, et les autres par les estats des ecclesiastiques, de la noblesse, du peuple, et seroit resolu que toutes les dignitez, offices et estats, seroient baillez aux Escossois seulement, et que la forteresse du Petitlit seroit abatue ; que les capitaines et gens de guerre estrangers qui estoient dedans et en tout le pays d’Escosse sortiroient, et que la ville de l’Islebourg auroit tel exercice de religion qu’il luy plairoit, pour y vivre un chacun en liberté de conscience ; que les protestans ne seroient aucunement molestez pour le fait de leur religion ; que la reyne d’Angleterre retireroit aussi toutes ses forces, et ne s’entremesleroit plus des affaires d’Escosse ; que le traité fait au Casteau Cambresis demeureroit en sa force et vertu, et que la reyne Marie d’Escosse laisseroit les titres et armes d’Angleterre.

Voilà sommairement ce qui fut capitulé au Petitlit. Par cet accord fait et executé, la guerre d’Escosse prit fin. Par lequel la reyne d’Angleterre commença tellement d’asseurer son Estat et sa religion jusques à present, qu’elle peut dire avoir plus fait que tous les roys ses predecesseurs, dont le principal point est d’avoir divisé les François d’avec les Escossois, et avoir jusques aujourd’huy nourry et entretenu cette division, par le moyen de laquelle elle a affoibli les uns et les autres, et s’en est fortifiée. Aussi plusieurs sont de cette opinion, que la puissance d’un prince et d’un Estat ne gist pas tant en sa force qu’en la foiblesse et ruine de ses voisins, mesmement ennemis, comme furent les François et les Escossois, de long-temps confederez et alliez, et ennemis des Anglois, et plus encore les Escossois que les François. A quoy ceux qui ont manié ces affaires n’ont pas bien préveu ; car ils ont fait une