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Cependant Marie Stuart, reyne de France et d’Escosse, soutenoit par livres publiés qu’elle avoit droict à la couronne d’Angleterre, tant par la loy de nature et droit successif, que par le jugement rendu contre la repudiation de Catherine d’Espagne, ce qui rendoit nul le mariage d’Anne de Boulen ; d’où s’ensuivoit que la reyne Elizabeth n’estoit habile à succeder. Les Anglois disoient que les estats d’Angleterre, au parlement qui fut tenu l’an 1525, donnerent toute puissance au roy Henry huictiesme de nommer et designer un successeur à la couronne, et neantmoins nommerent Edouart sixiesme, et luy substituerent Marie, et à Marie Elizabeth : et depuis, le roy Henry, par son testament, appella les mesmes personnes, comme nous avons dit cy devant, et après Elizabeth ordonna que les enfans de Françoise et de Leonor, ses niepces, filles de Marie sa sœur puisnée, et de Charles Brandon, duc de Suffolck, succedassent, et que si elles mouroient sans hoirs legitimes, les plus proches y fussent appellez. De sorte qu’il sembloit qu’il eust totalement exclu les enfans de Marguerite sa sœur aisnée, d’où estoit issue la reyne d’Escosse, qui debattoit le testament de plusieurs nullitez.

Pour s’assurer donc, la reyne Elizabeth avoit de long-temps commencé de s’allier le plus qu’elle pouvoit avec les Escossois, tant pour le pretexte d’une mesme religion que pour les distraire du tout, si elle pouvoit, de l’amitié et alliance de France, qui avoit duré huit cens ans[1], et avoit esté comme un frein à

  1. Qui avoit duré huit cens ans. L’alliance intime de la France et de l’Ecosse n’avoit commencé qu’au quatorzième siècle, sous le règne de Philippe de Valois.