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comme aucuns ont voulu dire, Elizabeth ayant succedé à la couronne d’Angleterre, suivant le testament du roy Henry son pere, et le droit des Estats estably vingt-neuf ans auparavant au parlement d’Angleterre, fut receue avec grande joie et allegresse, le dix-septieme novembre 1559[1].

Marie Stuart, reyne de France et d’Escosse, en estant advertie, prit les armes d’Angleterre, et les fit conjoindre et ecarteler avec celles d’Escosse, et poser publiquement à Paris en plusieurs lieux et portes, par les herauts du dauphin de France, lorsqu’il espousa ladicte Marie, avec les titres qui s’en suivent : Franciscus et Maria, Dei gratia rex et regina Franciœ, Scotiœ, Angliœ et Hiberniœ ; ce que l’ambassadeur d’Angleterre ayant veu, demanda audience, et fit de grandes plaintes de l’injure faite à sa maistresse ; auquel on fit seulement response qu’il y seroit pourveu, sans toutes-fois rien changer ny aux armes ny aux qualitez ; car l’on craignoit faire un prejudice irreparable à la reyne d’Escosse, pour le droict qu’elle pretendoit au royaume d’Angleterre et d’Irlande.

La reyne Elizabeth en estant advertie par son ambassadeur, prevoyoit bien qu’elle estoit pour courir la fortune d’une guerre contre la France et l’Escosse, et mesme contre quelque partie de ses sujets qui estoient catholiques, et portoient très-impatiemment d’estre frustrez de l’exercice de leur religion, qu’elle avoit changée, par le consentement des trois estats, trois mois après son advenement à la couronne, ce qu’elle pratiqua fort subtilement sans aucun remuement ny alteration ; car, voyant que les protestans qui s’estoient

  1. 1559 : lisez 1558.