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mettre le cardinal d’York en prison, qui avoit changé de volonté, ayant ecrit au Pape que le roy d’Angleterre avoit espousé une lutherienne.

Sur cela le roy Henry envoya en Allemagne et à Geneve, offrant de se faire chef des protestans[1], et mener dix mille Anglois à la guerre, et contribuer cent mille livres sterlins, qui valent un million de livres tournois. Mais ils ne voulurent jamais approuver la repudiation, horsmis Erasme de Rotterdam, combien qu’auparavant, et dès l’an 1530, il avoit eu advis des universitez de Bologne, de Padoue, d’Orleans, de Bourges, d’Angers, de Toulouse et de Paris, où les docteurs en theologie baillerent, comme l’on dit, sous les seels des universitez, que le pape Jules second n’avoit peu le dispenser de prendre la vefve de son frere, mort sans enfans, et que la loy de Dieu qui commandoit expressement au frere de prendre la vefve de son frere pour luy susciter un heritier, n’estoit que figure. Vray est que le bruit estoit que le roy Henry n’y espargna rien. Lesdites consultations ont depuis esté publiées et imprimées en Angleterre.

Cependant le procès fut depuis intenté à Rome par-devant le pape Clement septiesme, à l’instance de l’ambassadeur de l’Empereur vers ledit Pape, auquel fut envoyé Estienne Gardiner, docteur ès droits, et depuis evesque de Winchester, pour soustenir que la repudiation avoit esté juste, et la dispense du pape Jules illicite de droit divin et humain.

  1. Offrant de se faire chef des protestans. Ce fait est contredit par tous les historiens contemporains. Henri VIII au contraire, après s’être déclaré chef de l’Eglise anglicane, maintint les principaux dogmes de la religion catholique, et punit les protestans avec la dernière rigueur.