Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on ne soupçonnoit pas encore de pencher vers les opinions nouvelles, avoit prononcé le jour de Pâques un sermon dont tout le monde parloit, et le cardinal regrettoit vivement de ne l’avoir pas entendu. Castelnau, qui se vantoit de n’avoir jamais rien oublié, offrit de réciter devant lui ce sermon, et même de reproduire l’accent et les gestes de l’orateur. Le cardinal le prit au mot, et réunit quelques personnes pour juger de la vérité de l’imitation. Le succès passa les espérances qu’on avoit pu concevoir, et mit pendant quelque temps Castelnau à la mode. Mais ce frivole engouement n’eut pour lui aucun résultat utile : c’étoit en fournissant d’autres preuves de son étonnante capacité qu’il devoit parvenir au maniement des grandes affaires.

François de Lorraine, auquel il n’avoit pas cessé d’être attaché, étant devenu en 1557 général des galères, lui en donna une à commander : il entra sans répugnance dans cette carrière, peu recherchée alors par les gentilshommes ; et l’activité de son esprit se tourna vers les moyens de perfectionner la marine française. Mais les désastres qui suivirent la bataille de Saint-Quentin le rappelèrent bientôt en France. Le cardinal de Lorraine, chargé seul du poids des affaires en l’absence du duc de Guise son frère, sentit que Castelnau étoit propre à autre chose qu’à répéter des sermons, et il lui confia les missions les plus importantes. Ce fut lui qui, pendant tout le temps que les Parisiens se crurent en danger, porta les ordres de Henri II au duc de Nevers, qui, campé sous les murs de Laon avec les débris de l’armée française, eut la gloire de rendre inutile la victoire remportée par les Espagnols.