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l’on executoit quelques-uns de la conspiration, le prince ne se put tenir de dire que c’estoit grande pitié de faire mourir de si gens de bien, qui avoient fait service au Roy et à la couronne, et qu’il seroit à craindre que les estrangers, voyans les capitaines françois si mal-traictez et meurtris, n’y tissent un jour des entreprises aux despens de l’Estat. Ce qu’estant rapporté au Roy, fut cause que La Trousse, prevost de l’hostel, fut envoyé pour se saisir de quelques serviteurs du prince qui avoient fait eschapper le jeune de Maligny. Et afin que le prevost pust chercher en plus grande liberté, il eut mandement de dire audit prince qu’il vinst parler au Roy, ce qu’il fit incontinent : lors Sa Majesté luy dit avec colere qu’il estoit accusé par ceux que l’on avoit executez, et autres suffisans temoignages, qu’il estoit chef de la conspiration faite par les seditieux et rebelles contre sa personne et son Estat, et que, s’il estoit vrai, il l’en feroit bien repentir.

Le prince, oyant ces propos de la bouche du Roy, et craignant que sa response ne fust pas bien prise ou calomniée, supplie Sa Majesté d’assembler les princes et son conseil, pour faire sa response en si bonne compagnie. Ce que le Roy luy accorda, pensant qu’il se voudroit excuser par quelques douces paroles. Mais le prince se trouvant au conseil, le Roy present, dit que, la personne de Sa Majesté exceptée, et celles de messieurs ses Freres, de la Reyne sa mere, et de la Reyne regnante, et l’honneur et la reverence qu’il leur devoit saufs, ceux qui avoient dit qu’il estoit chef de la conjuration contre la personne du Roy et son Estat, avoient menty faussement, et autant de fois qu’ils le diroient, autant ils mentiroient, en offrant dès-lors, à