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des principaux autheurs d’icelle ; et d’autant qu’ils pensoient au commencement que l’Admiral et d’Andelot fussent de la partie, parce qu’ils estoient fort affectionnez au party des protestans, ils trouverent moyen de les attirer à la Cour par lettres du Roy et de la Reyne sa mere, pleines de douceur et belles promesses, comme desirant aussi avoir leur conseil sur le fait de la religion, et sur l’estat et gouvernement du royaume ; où ils vinrent incontinent, ce qui asseura fort ceux de Guise et leurs amis et serviteurs. Plusieurs faisoient jugement que si lesdits Admiral et d’Andelot se fussent entierement entremeslez de ladite conjuration, elle n’eust pas si mal reussi. Mais aussi dit-on que, comme prudens et advisez, ils vouloient voir les commencemens et quel fruit produiroit cette requeste qui se devoit presenter au Roy, de laquelle il ne se trouva point de prisonniers, ny de ceux que l’on fit mourir, qui les chargeassent.

Mais bien fut chargé le prince de Condé par le tesmoignage de plusieurs des executez et prisonniers. Ce qui fut cause de la haine que ceux de Guise conçurent contre luy, d’autant plus qu’il estoit leur cousin germain, et qu’il estoit ordinairement avec eux, lors mesme que l’on tramoit et qu’on vouloit executer cette conjuration à leurs despens. Et dès-lors la haine, couverte auparavant, commença à lever le masque, car il fut fait deffense au prince de partir de la Cour, et fut observé de si près, qu’il n’osoit presque parler à personne, ny approcher du Roy, qui estoit irrité contre luy parce que l’on luy faisoit entendre qu’il avoit conspiré sa mort ; et ce qui augmenta la mal-veillance que Sa Majesté luy portoit, fut qu’un jour, ainsi que