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affaire de s’en desgager, ayant le comte de Mansfeld soustenu et mis en route ce qui s’estoit presenté devant luy à cette charge ; et, en mesme temps, le duc d’Anjou, voyant que les ennemis se rallioient pour retourner une autre fois à la charge, devança les Suisses, que le mareschal de Cossé devoit faire marcher devant luy pour charger la bataille où estoit le comte Ludovic, lequel soustint la charge que le duc luy fit, avec tant d’effort, que beaucoup de ceux qui le suivoient, furent mis en grande déroute, et luy-mesme fut en danger de sa personne, ayant eu son cheval porté par terre, et aussi-tost remonté par le marquis de Villars, qui estoit près de luy ; et si lors Tavannes et Biron n’eussent fait tout devoir possible de rallier la cavalerie de la bataille, et que le mareschal de Cossé aussi n’eust fait doubler le pas aux Suisses, la victoire estoit pour demeurer aux huguenots, lesquels se voyans attaquez des Suisses que le mareschal conduisoit, et de l’infanterie françoise, qui se rallia, comme fit aussi nostre cavalerie, commencerent à se desbander, quelques devoirs que l’Admiral et le comte de Mansfeld fissent pour les rallier ; et lors, ne pouvant mieux, ils prirent party pour faire la retraite avec dix cornettes de reistres ensemble, où il y avoit quelques François, abandonnans les lanskenets, qui s’estoient jusques-là maintenus mieux que l’infanterie françoise, à la mercy des Suisses, leurs anciens ennemis, si bien qu’à peine de quatre mille s’en sauva-t-il cinq cens, à beaucoup desquels le duc d’Anjou donna la vie, sur la promesse qu’ils luy firent de servir le Roy fidelement, et renoncer au party des princes.

Plus de deux mille François aussi y finirent leurs