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à reprendre courage et à se rasseurer ; quelques-uns d’entr’eux mesme se resolurent de les y accompagner pour soustenir l’assaut qu’ils croyoient que les huguenots deussent ce jour-là donner, comme ils s’y estoient preparez ; mais l’Admiral ayant fait recognoistre la profondeur du ruisseau qui couloit le long de la muraille de la ville et au pied de la bresche, laquelle bien que raisonnable, il se trouva que le canal estoit plus profond qu’il ne pensoit ; ce qui fut cause qu’il fit remettre la partie à un autre jour, attendant que les fossez, à quoy il fit travailler en plusieurs endroits, fussent faits, pour faire écouler l’eau.

Cependant le duc de Guise ne perdoit temps à faire reparer la bresche, comme aussi à faire travailler aux retranchemens et autres lieux les plus foibles de la ville, où il donna si bon ordre, que, sans sa presence et bonne conduite, sans doute les assiegeans n’eussent pas eu tant d’affaires, lesquels enfin vovant qu’ils ne pouvoient destourner l’eau, se resolurent d’attaquer le faux-bourg de Rochereuil, par le moyen duquel les assiegez la retenoient et faisoient deborder : et pour cet effet l’Admiral fit commencer la batterie à la tour du pont, de laquelle les deffenses estant abbatuës, peu après les lanskenets avec quelques François, gagnèrent une vigne qui panchoit sur la rue du faux-bourg, la perte de laquelle, outre la mort de quelques capitaines qui y furent tuez en la deffendant, eust apporté beaucoup davantage d’incommodité aux soldats destinez pour la garde d’iceluy, si la nuit ensuivant le comte du Lude n’eust fait dresser quantité de tonneaux couverts d’ais et autres bois le long du pont et de la rue du faux-bourg, faisant aussi tendre aux lieux les plus