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le secours de cinq cens hommes qu’il amena au commencement d’iceluy, ayant esté avec bon nombre pour leur faire abandonner cette bresche, ne put remporter autre chose qu’une arquebusade en la teste ; Briancon, frère du comte du Lude, aussi fort recommandable par le soin et la vigilance qu’il apporta pour la conservation de cette ville, comme il visitoit la plateforme des Carmes eut la teste emportée d’un coup de canon. Les assiegeans voyans que la bresche de ce pré ne leur apportoit pas tant d’avantage à cause de l’eau qui croissoit d’heure en autre par le moyen de palles que les assiegez avoient fait faire pour arrester son cours, afin de la faire regorger dans le pré (après avoir fait tirer plusieurs coups de canon contre ces palles sans beaucoup d’effet, au moyen de deux murailles que le comte du Lude avoit fait faire sous les arches de derrière qu’il avoit fait remplir de terre, et au devant desquelles l’on avoit mis force balles de laine, bien liées et attachées contre les palles pour amortir les coups), changerent leur batterie aux ponts et gabions que les assiégez avoient dressez à Sainct-Sornin, par le moyen de laquelle ils empeschoient qu’on ne pust reparer la muraille, ce qui donnoit beaucoup d’estonnement aux habitans, qui commençoient fort à s’ennuyer, tant pour les continuelles corvées, veilles et gardes qu’il leur falloit faire, que pour autres incommoditez de la vie qu’ils commençoient à souffrir.

Mais, voyant que le duc de Guise et le comte du Lude, accompagnez d’une infinité de noblesse, s’estoient resolus de mourir sur la bresche, plustost que de faire un pas en arrière pour l’abandonner, commencerent