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Cependant le comte du Lude, qui estoit demeuré en Poictou avec quatre mille hommes de pied et quelque cavalerie, tant pour la conservation des villes qui estoient sous l’obeyssance du Roy, que pour reduire, comme il se promettoit faire, celles qui tenoient contre son service, estoit bien empesché au siège de Niort, où, après avoir esté quelque temps et donné plusieurs assauts, il fut contraint, par le secours de Telligny et Pivaut, d’en lever le siège avec perte de plus de trois cens des siens, et ainsi se retira à Poictiers afin de pourvoir à la conservation de la ville, où je le laisseray jusques à ce qu’il y soit assiégé, pour retourner à l’armée des princes, laquelle incontinent après le licenciement de la nostre, prit plusieurs petites places, comme Saint-Sulpice, Branthome, Chasteau-l’Evesque, La Chapelle, Coniblan, Chabannois et autres, tant pour tenir le pays en subjection, que pour faire contribuer les habitans d’icelles, et de quelques autres en donner le pillage à ses soldats ; puis, sur la fin de juin, s’achemina en Poictou, où l’Admiral avoit basti les desseins de sa première conqueste et plus asseurée retraite.

Et d’autant que Poictiers est la principale de la province, et celle qui pouvoit plus nuire et servir à leurs desseins, avant que d’entreprendre le siège comme il avoit projette, il fut d’avis, pour la resserrer davantage, de commencer aux plus faciles ; pour cet effet, ayant envoyé La Louë devant Chastelleraut, par l’intelligence qu’il avoit avec aucuns habitans, quelques jours après il la prit par composition, ensuite de laquelle Lusignan assiégé et battu furieusement, Guron, gouverneur de la place, la rendit aussi par composition, qui fut de sortir vie et bagues sauves.