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lesquels s’estoient rafraîchis autour de Poictiers, prit resolution de s’acheminer avec son armée en Angoumois pour combattre les princes avant que leurs forces fussent unies avec celles des vicomtes, qu’ils alloient prendre, et au secours qu’ils attendoient d’Allemagne. Pour cet effet, après avoir pris Ruffec et Meles en passant, il fit acheminer son avant-garde, conduite par le duc de Montpensier, à Chasteau-Neuf, où estant arrivé le mercredy, neuviesme du mois de mars, envoya un trompette au capitaine du chasteau qui estoit escossois, pour le sommer de le luy remettre entre les mains, lequel fit au commencement contenance de se vouloir defendre ; mais enfin, voyant arriver le mesme jour le duc d’Anjou avec le reste de l’armée, n’ayant que cinquante ou soixante soldats, et se voyant forcé, il se rendit à sa volonté et discrétion. Lors le duc, estant maistre du chasteau, résolut d’y séjourner le lendemain, afin d’aviser à ce qui seroit de faire, tant pour l’ordre des magazins pour la suite de l’armée, qu’en attendant la réfection du pont de la rivière de la Charante, que les ennemis avoient rompu, dont la charge fut donnée au président de Birague, qui s’en acquitta fort bien.

Le vendredi, cinquiesme du mois, le duc, ayant advis que ses ennemis estoient à Coignac, resolut pour deux raisons d’aller devant cette ville : l’une, que se présentant devant icelle, si l’armée huguenotte y estoit, comme il se disoit, il esperoit qu’elle sortiroit, et que, ce faisant, il pourroit l’attirer au combat ; l’autre, qu’au pis aller il recognoistroit la place pour après l’attaquer. Pour ces causes donc, s’y estant acheminé, il commanda au comte de Brissac, qui avoit avec lui la