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prisonnier à la Conciegerie, au prince de Condé, pour luy faire quelque ouverture de paix, laquelle le Roy son fils et elle embrasseroient avec toute sorte d’affection, s’il y vouloit entendre ; et, après plusieurs demandes et repliques de part et d’autre, sans rien conclure, Portal ne remporta autre chose que des paroles pleines d’obeyssance et de service à Leurs Majestez, avec une lettre assez piquante contre ceux qui abusoient de leur authorité pour troubler le royaume, sous prétexte de religion.

Sur la fin de l’année, le comte de Martinengue, La Chastre et Antragues, assiegerent la ville de Sancerre, où, après avoir changé de batterie deux ou trois fois, et donné plusieurs assauts, enfin levèrent le siege au mois de janvier 1569, pour joindre leurs forces aux ducs de Nemours et d’Aumale, commandez pour aller en Champagne, avec une grande et forte armée, afin d’empescher l’entrée du royaume au duc des Deux-Ponts ; leur retraite ayant enflé tellement le courage des habitans de Sancerre, qu’ils entreprirent de bastir un fort sur la rivière de Loire, près du port Sainct-Thibaut, pour s’asseurer du passage, et arrester les vaisseaux des marchands qui passeroient par-là ; mais, bien-tost après, les plus hardis d’entre eux furent desfaits par les garnisons des villes de La Charité, Nevers, et habitans d’icelles qui s’assemblèrent.

En ce mesme temps, quelques huguenots du bas-Poictou prirent l’abbaye Sainct Michel[1], où les re-

  1. L'abbaye Sainct-Michel. Le siège de cette abbaye offrit une particularité fort singulière. Le chef des assiégeans étoit un moine apostat, nommé Campagnac, et la place étoit défendue par Chateaupers, l'un des religieux.