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Peu de jours après, d’Acier ayant recueilly le reste de leurs forces, qui estoient encore de plus de quatre mille hommes et cinq cens chevaux, s’achemina à Aubeterre, où l’Admiral et le Prince les furent trouver ; et pour revanche, estant leurs forces jointes, ils délibererent de poursuivre à leur tour le duc de Montpensier : de fait ils le talonnerent de si près quatre ou cinq jours, qu’ils arrivoient tousjours le lendemain matin au lieu où il avoit couché ; mais s’estant le duc de Montpensier retiré à Chastelleraut, l’armée huguenotte prit le chemin du bas Poictou.

Cependant le duc d’Anjou, lieutenant general de l’armée, avec toutes ses forces et canons, estant party de Paris, s’acheminoit en la plus grande diligence qu’il pouvoit pour joindre celles des ducs de Montpensier et de Guise, vicomte de Martigues et de Brissac, qui l’attendoient avec impatience pour combattre le prince de Condé ; lequel, poussé de ce mesme desir, ayant eu advis que le duc s’avançoit avec son armée, délibera d’aller au-devant de luy : si bien que, les deux armées estant près l’une de l’autre, il se rencontra que les deux avant-gardes avoient un mesme dessein, qui estoit de loger à Pamprou, bourg qui est à cinq lieues de Poictiers, lequel après avoir esté dispute des mareschaux des logis et avant-coureurs des deux armées, qui s’en chassèrent et rechasserent, enfin demeura au Prince et à l’Admiral, qui y logèrent.

La nuit venue, le vicomte de Martigues, qui conduisoit l’avant-garde, voyant l’incommodité et desavantage du lieu où il estoit, ayant commandé à ses gens de pied de faire des feux en divers endroits, et jetter forces mesches allumées sur les buissons pour