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termination de la religion huguenotte ; les confrairies et assemblées fréquentes qui se faisoient en Bourgogne, et, comme les huguenots disoient, par les pratiques de Tavannes, serviteur de la maison de Guise ; les regimens de Brissac et des enseignes de gendarmes qui s’acheminoient en cette province pour surprendre, disoit-on, le prince de Condé, qui s’estoit retiré en sa ville de Noyers, et l’Admiral à Tanlay ; l’entretenement des Suisses et des troupes italiennes qu’on envoyoit en garnison à Tours, Orleans et autres villes principales ; le grand nombre de cavalerie et infanterie qui estoit es environs de Paris pour la garde de Sa Majesté, mettoient les huguenots en grande defiance.

Sujet que prit le prince de Condé (après avoir envoyé la marquise de Botelin, et depuis Telligny, à Leurs Majestez, avec lettres de créance qui portoient les causes de ses défiances et de ses plaintes contre ceux qui abusoient de l’authorité du Roy pour ruiner l’Estat et rendre le prince odieux) de partir de Noyers[1] le vingt-cinquiesme aoust mil cinq cens soixante-huit, avec la princesse sa femme, qui estoit grosse, accompagné de l’Admiral qui l’estoit venu trouver avec quarante ou cinquante chevaux seulement, pour se retirer à La Rochelle : le cardinal de Chastillon en mesme temps se

  1. Partir de Noyers. L’historien Mathieu a fait une peinture touchante de cette fuite précipitée. « Le prince, dit-il, partit à peu de bruit, et son équipage touchoit les cœurs de commisération ; car on voyoit un premier prince du sang se mettre en chemin par les chaleurs extrêmes, avec sa femme enceinte, en litière, trois enfans au berceau à leur suite, la famille de l’Admiral, celle de d’Audelot, nombre d’enfans et de nourrices ; pour escorte cent cinquante chevaux, et, pour toute consolation, que la souvenance de cette misère leur seroit aussi douce que le ressentiment en estoit rude.