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reprimée à force d’armes, que les cendres des morts ou bannis n’aient souvent rallumé un grand feu. »

Il fait sentir à Charles IX que les chefs des catholiques ont les prétentions les plus inquiétantes ; et l’on voit qu’il préféreroit au triomphe des Guise tous les inconvéniens qui pourroient résulter du progrès des doctrines nouvelles. « Que seroit-ce, dit-il, si le Roy, par leur moyen, avoit obtenu pleine victoire, puisque, n’ayant encore faict que ruiner son peuple, ils entonnent si haut ? C’est l’un des plus grands maux qui puissent arriver à un prince, de se rendre si très fort obligé à quelqu’un ou plusieurs, qu’il semble tenir d’eux en partie son Estat : les exemples en sont assez frequens, dont le récit ne pourroit estre que très odieux. Certainement la longueur de la guerre servira à eslever et agrandir certains hommes, leur donnera credit, faveur et authorité envers le peuple, nom et bruit envers les estrangers, et licence envers leur prince, chose très-perilleuse en un Estat, et vraye semence d’autres fureurs civiles, et mesmes attendu l’aage du Roy et de messeigneurs ses freres. Quel ordre donc ? À la vérité, nous sommes bien malades, puisque ny la guerre ny la paix ne nous est propre, et que nous ne pouvons porter ny le mal ny le remède. »

L’Hôpital ne voit de salut pour la France que dans un traité avec les protestans, et il termine son discours par cette touchante exhortation : « Que le Roy use de clémence, il eprouvera celle de Dieu ; que le Roy ne tienne point son cœur, et Dieu luy ouvrira le sien ; que le Roy donne à la republique son offence, et tantost elle recognoistra avec usure ce bienfait, et luy fera hommage de son respect et fidelité ; que le Roy