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disans que les deux beaux-freres se pourroient accorder au lieu de se battre. Ce que, pour mon regard, je n’eusse pu croire, mais bien que l’un et l’autre, qui avoient affaire de toutes leurs pièces, n’eussent pas esté marris de gagner tousjours la solde de plusieurs mois. Et quand bien l’on viendroit à l’extremité, c’estoit le moyen de recommencer la guerre en France, où personne ne pouvoit gagner que les estrangers. La conclusion de cette despesche, composée de diverses opinions, fut que je fisse ce que je pourrois, par la voye de la douceur, avec le duc Casimir et ses troupes, pour les faire sortir du royaume ; mais que je n’obmisse rien pour luy protester que, s’il faisoit autrement, les forces du Roy tourneroient la teste vers luy, et le duc Jean Guillaume de Saxe, son beau-frere, le premier, au grand regret de Sa Majesté. Mais nonobstant toutes ces remonstrances il vouloit avoir son compte, et faisoit jouer la farce par ses colonels et reitmaistres, qui se bailloient la capitulation l’un à l’autre, à laquelle ils se vouloient entierement tenir, protestans contre moy de tout le mal qui en adviendroit.

Par ainsi je fus obligé de venir à l’extremité des menaces et de la contrainte qu’ils donneroient au Roy et à tous les François de les mettre dehors. Ce qui les mit en telle colère, que, deux jours après, il ne fut possible de leur parler. Et sur ce, ils firent mine de monter à cheval pour retourner vers Paris, et prenans une opinion que je me voulois retirer, mirent devant et derrière mon logis une compagnie de lanskenets en garde, sans vouloir laisser entrer ny sortir personne. Dequoy voyans que je ne me donnois aucune peine, sinon que je manday au duc Casimir que je serois bien aise de