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et à commencer les premiers de faire la guerre, et se servir de la personne du Boy, de la Reyne sa mere, de ses frères et de leur conseil, qui vouloient destruire la religion pretendue reformée, et ceux qui la maintenoient. Ces gens-là estoient un reste d’aucuns qui avoient esté envoyez aux Pays-Bas, pour les exhorter de ne laisser entrer le duc d’Alve et se garder de ses persecutions, comme les huguenots de France donnoient ordre d’y remédier, dont ils me parlerent si particulierement par les chemins, que, de point en autre, ils me conterent l’entreprise et conspiration de prendre le Boy et tout son conseil à Monceaux, y chastier les uns, et empescher leurs ennemis et malveillans de ne leur faire plus de mal ; ce que je pensois plustost estre une fable qu’un discours véritable.

Neantmoins, estant retourné à la Cour, où l’on ne parloit que de passer le temps et aller à la chasse, je fis le récit de ce que j’avois appris en ce voyage, et comme aucuns François m’en avoient parlé, comme tenans le fait asseuré, dont l’on fit fort peu de cas ; car, ayant fort particulierement dit au Roy et à la Reyne, sa ere ce que j’en avois entendu, ils me dirent qu’il n’estoit pas possible que telle chose pust advenir : toutesfois mandèrent le Connestable, les ducs de Nemours, de Guise et autres, pour leur faire redire ce que je leur en avois raconté ; le chancelier de L’Hospital y fut aussi appellé.

Alors le Connestable m’addressa la parole, disant que c’estoit moy qui avois donné cette allarme à Leurs Majestez et à toute la Cour ; que veritablement j’avois raison d’avoir donné advis de ce que j’avois appris ; mais qu’il estoit connestable de France, et commandoit